Aujourd'hui, Sylvie Boudaud, archiviste aux AD86, nous offre, à l'occasion du #Geneatheme de février, sa première contribution. Poussons la porte de son cabinet de curiosités, il nous mène en Vendée et nous conte une histoire mêlant l'insolite d'hier et les connaissances d'aujourd'hui...
Pierre Proust est mon sosa 1588,
soit un de mes ancêtres à la 11e génération. Il est originaire de
Saint-Germain-de-Prinçay, en Vendée. Le 17 février 1675, il épouse Jeanne
Coullon, de la même paroisse. Le même jour, avec les mêmes témoins, Nicolas
Proust épouse Anne Coullon. De là à supposer que les deux couples sont des
frères et sœurs, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi mais sans assurance. La
difficulté de la généalogie à Saint-Germain-de-Prinçay à cette époque, c’est
que les mariages ne sont quasiment jamais filiatifs, et c’est le cas dans les
mariages qui nous intéressent ici.
Mariage de Pierre Proust et
Jeanne Coullon[1] :
Mariage de Nicolas Proust et Anne
Coullon :
Partant de l’hypothèse que Pierre
et Nicolas sont frères, je lance une recherche sur la base Noms de Vendée et je trouve une fratrie avec un Pierre et un
Nicolas nés à des dates compatibles avec leur date de mariage. Ils pourraient
être les enfants de Mathurin Proust et de Renée François. La base mentionne
quatre autres frères et sœurs.
Là survient la surprise !
Pierre est né le 12 novembre 1643, et sur la même double page du registre
paroissial mais côté gauche, à la date du 3 octobre, figure Mathurine, fille
des mêmes parents[2].
3 octobre 1643 :
12 novembre 1643 :
Des jumeaux ayant 40 jours d’écart ! Ma première réaction a
été : « C’est impossible ! ». J’ai posé la question à @lulusorciere,
connue pour ses connexions avec le milieu obstétrical poitevin. La réponse est
tombée : c’est possible ! Très rare, même au XXIe siècle, mais
possible. Il est question d’un utérus bifide ou bicorne, avec donc deux
cavités. On me cite également quelques cas récents de naissance de
« faux » jumeaux avec un à deux mois d’écart, le premier étant
prématuré[3].
Mon moteur de recherche fait aussi mention de superfécondation (fécondation de
deux ovules à quelques jours d’écart) et même d’hyperfoetation, soit la
fécondation d’un ovule alors qu’un embryon est déjà implanté !
Dans quel cas se trouve Renée
François ? Elle avait déjà accouché d’une paire de jumeaux, nés à la même
date deux ans plus tôt et elle a ensuite eu deux autres enfants.
S’agit-il vraiment de mes ancêtres,
dans la mesure où j’ai obtenu une filiation par déduction ? Ce n’est pas
sûr. Mais, ancêtres ou pas, il semble bien que Mathurine et Pierre étaient
frère et sœur, nés avec 40 jours de différence au XVIIe siècle !
Sylvie Boudaud
[1] Site des
Archives départementales de la Vendée, Saint-Germain-de-Prinçay, registre des
baptêmes, mariages et sépultures de 1671 à 1700, vue 20/144.
[2] Site des
Archives départementales de la Vendée, Saint-Germain-de-Prinçay, registre des
baptêmes d’octobre 1611 à janvier 1670, vue 85/144.
[3] http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/enfants/etats-unis-des-jumeaux-nes-a-39-jours-d-intervalle-22-06-2014-3943115.php